Le meilleur chocolat, les prix reçus valent-ils quelque chose ?

 

Le concours du meilleur chocolat fait briller les yeux. Pouvoir goûter du chocolat primé donne envie. Tout comme pour le vin, ce genre les prix permettent de gagner en visibilité, voire de faire augmenter les ventes. Mais est-ce un bon indicateur? Ces chocolats sont-il réellement les meilleurs ? Ayant eu la chance de faire partie de différents jurys, je partage quelques observations sur les coulisses de la gourmandise.

 

 

 

Concours spécifiques au meilleur chocolat

Probablement les plus connus, les International Chocolate Awards se décrit comme le plus grand concours sur le sujet. L’International Institute of Chocolate Tasting est à l’origine de cette démarche. L’Academy of Chocolate est l’autre grand concours international et regroupe également des professionnels du chocolat. De nombreux producteurs bean-to-bar tentent leur chance dans ces concours pour se faire une idée quant à la qualité de leur travail.

Les deux concours sont relativement récents. Créées respectivement en 2012 et 2005 et basées à Londres, les structures d’organisation sont anglophones. Malgré leur caractère particulièrement international en termes de participations, ces concours représentent une certaine vision occidentale du chocolat. Néanmoins, leur approche basée sur le goût leur permet d’évoluer en même temps que le marché. Ainsi, les chocolats récompensés restent très actuels. De même, en mettant en avant le lien entre qualité du cacao et résultat final, ces concours priment des produits aux standards réellement élevés.

En termes de reproches, l’approche très segmentée – par origine, par type de chocolat, etc. – s’avère parfois problématique. Si les nombreux prix encouragent les participations, le public y perd parfois son latin. En outre, le prix reçu une année donnée reste souvent mentionnés sur les tablettes ultérieures. Après quelques temps, les « meilleurs chocolats » ne proviennent plus des fèves de cacao de la même récolte. Finalement, pour ce qui est des jurys sollicités, le processus de sélection pourrait gagner en transparence.

 

Des prix locaux, corporatifs ou plus généraux

Au-delà des compétitions internationales, il existe aussi un bon nombre d’autres concours. Il est possible d’en distinguer trois types : ceux plus généraux, par exemple sur le goût, ceux par filière et ceux consacrés uniquement au chocolat au niveau plus local. Chacun a ses points forts et ses points faibles.

 

Le jury du Great Taste évalue des produits très différents.Le jury du Great Taste évalue des produits très différents. Le chocolat n’en est qu’un parmi d’autres. DR, Great Taste.

 

Les concours dédiés à des thématiques plus larges telles que la cuisine, la durabilité ou encore l’artisanat ont l’avantage de mettre le chocolat sur le devant de la scène, mais n’offre que peu ou pas de garantie quant à la qualité du chocolat en tant que tel. En effet, le jury doit souvent faire le grand écart entre des produits très différents et manque de compétences propres au chocolat. Les concours corporatifs, comme les Meilleurs ouvriers de France, sont intéressant pour juger de la réalisation technique. En revanche, à suivre des canevas très (trop?) rigides, le jury manque souvent de compétence en termes gustatifs et de connaissance du cacao.

Finalement, les concours chocolatés locaux sont très divers. Outre des jurys très bariolés, ils s’appliquent à des situations très différentes. Ainsi, en Suisse, le Rallye du Chocolat qui ne primait que des bonbons et des ganaches a petit à petit évolué. En effet, avec l’émergence d’une communauté bean-to-bar helvétique, le concours inclut aussi une catégorie dédiée. En revanche, d’autres prix, par exemple décernés par une ville, seront généralement joués à guichets fermés, c’est-à-dire uniquement entre els chocolatiers de la ville.

 

 

Le meilleur chocolat aux yeux du public

Si ces meilleurs chocolats sont décrétés par des jury, il existe également des prix du public. Parfois, les chocolats qui ont les faveurs du jury sont aussi plébiscités par le public, mais ce n’est pas toujours le cas. Plusieurs raisons à cet écart. D’une part, les conditions de dégustation divergent fondamentalement. D’autre part, les critères de sélection sont rarement similaires. Ainsi, le jury évalue un chocolat selon des critères définis. Le public opère généralement par préférence. Bien sûr, les membres du jury ont aussi leurs préférences, mais ils essaient de rester le plus objectif possible.

Car oui, le meilleur chocolat du monde, c’est bien celui que l’on préfère.

 

Retrouvez l'article sur le blog de Nicolas

 

 

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