Le chocolat de couverture est du chocolat « en vrac », parfois non-tempéré, et utilisé par les chocolatiers pour réaliser bonbons, pralines, ganaches ou encore tablettes. Cette définition technique pourrait suffire. Pourtant, derrière ce terme se cache un pan entier de notre rapport au chocolat et de son histoire. En plus du chocolat de couverture, il est aussi question de produits bean-to-bar, artisanaux, industriels… De quoi y perdre son latin. Pour comprendre ces termes et de mieux choisir votre chocolat, je vous propose de découvrir l’histoire du chocolat en Europe et dans le monde dit occidental.
Histoire (récente) de la production de chocolat
Si la production de chocolat est un enjeu industriel depuis le 19e siècle, c’est surtout le 20e qui façonne nos habitudes de consommation. En effet, avec la démocratisation de la barre de chocolat viennent aussi les pénurie. Encore largement décentralisée, la production de chocolat a souvent lieu chez le chocolatier. Ce dernier se charge de transformer les fèves de cacao en chocolat. Mais l’approvisionnement, notamment en sucre, devient difficile, en particulier après la Première Guerre mondiale, puis avec la crise économique des années 30.
Pour pallier à ces problèmes, le chocolatier belge Callebaut décide alors de proposer du chocolat prêt à l’emploi. Destiné aux chocolatiers, le chocolat de couverture est né. Le modèle est petit à petit repris par d’autres et devient la norme. Les chocolatiers dits artisanaux ne produisent plus leur propre chocolat, mais utilisent les recettes des couverturiers qu’ils transforment en bonbons et autres ganaches. Leur expertise devient celle de confiseurs. En parallèle, ils perdent le savoir-faire de torréfier le cacao.
Aujourd’hui, le chocolat de couverture
Aujourd’hui, le chocolat de couverture se divise essentiellement en deux catégories : la couverture de masse et la couverture de chocolats dits grands crus. Cette distinction est d’une part arbitraire, car l’échelle est relative, et d’autre part perméable. Si les acteurs de petite et moyenne taille évoluent au gré des acquisitions et des faillites, le paysage est figé pour les mastodontes que sont Cargill, Olam et Barry Callebaut. Cette situation monopolistique participe à l’uniformisation du goût du chocolat. Le seul paramètre qui change réellement est la quantité de sucre.
Du côté des couverturiers qui proposent des « grands crus », comme Felchlin ou Valrhona, les produits ont un peu plus de personnalité, mais restent relativement standardisés. Ces chocolatiers réalisent avec succès un compromis entre qualité et accessibilité au plus grand nombre. Leur croissance est autant une opportunité qu’un défi.
Y aura-t-il du chocolat de couverture dans le futur ?
Avec le mouvement du bean-to-bar, les petits producteurs se réapproprient le travail de la fève de cacao. En plus de réaliser des chocolats aux saveurs moins standardisées, plusieurs d’entre eux se diversifient. Ainsi, pour augmenter la diffusion de leur production, certains proposent à une sélection de professionnels et/ou aux particuliers d’utiliser leur chocolat en vrac pour la pâtisserie. Il s’agit alors de couverture bean-to-bar.
Finalement, le chocolat de couverture n’est guère différent du chocolat classique. Il évolue et est disponible sous différentes formes. Si sa standardisation à outrance nuit à la qualité du marché, sa présence n’est pas néfaste en soi. Compte tenu des coûts associés au transport et à la conservation de produits finis, il est même possible que dans le futur, le chocolat directement fabriqué dans les pays producteurs de cacao soit exporté sous forme de couverture.
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